dimanche 15 avril 2012

Au coeur du burtonarium

Incontournable. L'expo Tim Burton à la cinémathèque de Paris fait le buzz depuis avant son ouverture, alors même qu'elle était vernie à New York et dans plusieurs autres mégalopoles du monde. Depuis, tous les magazines se sont fendus d'un papier, d'une interview, d'une critique, d'un compte rendu de voyage au coeur du burtonarium. Tous sont tombés d'accord : merveilleux, drôle, paradoxalement morbide, et surtout époustouflant d'imagination.



J'ai lu les articles, j'ai revu quelques images et j'ai appris des choses, ce faisant, sur l'intimité de ce monsieur plutôt discret en temps normal. Finalement, l'immersion dans cette expo, c'est la pénétration en profondeur de son monde intérieur. Jusqu'au plus intime. Les commissaires de l'expo sont allés jusqu'à récupérer des serviettes en papier de divers restos sur lesquels le maître avait griffonné des splendeurs, pour les exposer à l'instar des toiles et autres sculptures étranges. La plupart de ces travaux n'étaient absolument pas destinés à être exposés. Et pourtant ils sont là. Je ne sais pas comment Tim Burton lui-même a pris les choses, au début, s'il a fallu batailler pour le convaincre.



Toujours est-il que, très égoïstement, j'assure que si on peut craindre pour l'intégrité de Tim Burton, on est en droit d'être totalement satisfait pour le spectateur. Tous les personnages sont là, plus ou moins, parfois on reconnaît des ancêtres avant de découvrir les héros les plus fameux. On tombe alors sur un court métrage, un projet dont on n'avait pas connaissance et qui est là, décortiqué, remis dans le contexte de la vie du maître. La muséographie est simple et complète : des espaces thématiques pour les créatures burtoniennes, composés de dessins évidemment, mais aussi de sculptures, de vidéos et autres trucs rigolos.



Depuis ses premiers travaux proposés - et refusés - aux studios Disney jusqu'à la bande annonce de son prochain film à sortir le 9 mai, en passant par les travaux de conception de ses principaux personnages (Beetlejuice, Edward aux mains d'argent dont le costume - et les mains ! - est exposé, le petit monde d'Alice, de la Corpse Bride, et tous les autres), tout y est. Amené de manière claire et  ludique, en commençant par nous plonger dans le noir, avant de nous mettre devant un manège à monstre et de déployer les pires/meilleurs monstres devant nos yeux mi-terrifiés, mi-accro, 100 % amusés. Les clowns effrayant se font justice, les bébés sont cloutés, les Martiens hydrocéphales veulent prendre le pouvoir, les morts sont les rois. Il joue avec toutes nos peurs d'enfant. Ou, peut-être d'abord, avec les siennes.



Alors à vrai dire, certains hôtes peuvent effrayer : ceux baignant dans leur sang, ceux faits de cuir cousu, ceux avec des clous dans les yeux ou sur tout le corps, surtout. Mais le plus effrayant, ce sont certaines histoires, dont la plupart compilées dans le premier recueil rassemblant textes poétiques et aquarelles. La Triste Fin du petit enfant huître est à pleurer. Elle présente des histoires tellement cruelles d'enfants mal-aimés, incompris, sacrifiés.



Tim Burton est-il un homme heureux ? Maintenant, oui, très probablement, puisqu'il a une femme aimante, Helena Bonham-Carter, très présente, des enfants avec qui il peut mesurer son imagination, et surtout un art reconnu et partout plébiscité. L'assentiment du monde, des producteurs et du public, lui ont donné l'autorisation de vivre dans son monde, de le développer, d'en extirper toute la profusion, toute la noirceur rigolote, toute la morbidité attachante.



Nous, en tous cas, avec le Caouic, la princesse Tilou et Marinette, on a adoré. Plus de liens de parents, d'aînés, de responsable : Burton nous met à égalité au regard de la création, de l'esprit, de la fantaisie. Les enfants sont chez eux, et jouent à se faire peur. Les grands sont invités à se souvenir de leur prime richesse intérieure, celle où on ose associer le monstre et l'amour, la tombe et l'humour.
A noter : il faut prendre ses places au préalable sur le site de la cinémathèque, très bien fait. Des billets coupe-file imprimables à la maison : 1 € de plus pour trois à quatre heures de queue en moins ! Enfin, ne pas hésiter à s'offrir le gros bouquin noir rassemblant la quasi-totalité des dessins avec des textes sensibles, accessibles, éclairants : 49 € et ça les vaut !

2 commentaires:

  1. elle me tente cette expo, mais à un point....

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    1. Tu as jusqu'à cet été pour y aller ! On laisse Bébé Chou aux garçons et zou, direction la capitale ;)

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