dimanche 15 avril 2012

Hip hip hip houba !

C'est du Chabat, alors on y va. Sans hésiter ou presque. Et on n'a pas tort. Sur la piste du marsupilami, malgré les écueils évidents (adaptation d'une BD intouchable de Franquin, présence de stars bankables - Jamel Debbouze, Lambert Wilson, Fred d'Omar et Fred, Patrick Timsit, etc. - et l'attente qu'elle implique, etc.), nous raconte une histoire rocambolesque et rigolote, servie par des acteurs parfois géniaux (la seule scène du dictateur Lambert Wilson travesti en son idole Céline Dion vaut de payer sa place au cinéma) et des détails de mise en scène absurdes comme on aime, exactement ce que l'on adore chez Chabat : Debbouze qui parle un espagnol approximatif ("Hijo de speculoos"), les clins d'oeil aux précédentes réalisations chabatiennes (des Nuls à Avez-vous déjà vu), des audaces folles (viol auriculaire canin), la devise du pays imaginaire de la Palombie ("Palonpeu, palombien"), les références à des films divers...



Et puis comme toujours, comme un ultime cadeau, une espèce de climax, le générique de fin est une oeuvre à lui tout seul, qu'il faut goûter consciencieusement jusqu'à la dernière seconde.
En plus la galerie de personnages est savoureuse... à commencer par le marsupilami himself, que l'on voit, que l'on suit, dont on apprend la vie...


Au coeur du burtonarium

Incontournable. L'expo Tim Burton à la cinémathèque de Paris fait le buzz depuis avant son ouverture, alors même qu'elle était vernie à New York et dans plusieurs autres mégalopoles du monde. Depuis, tous les magazines se sont fendus d'un papier, d'une interview, d'une critique, d'un compte rendu de voyage au coeur du burtonarium. Tous sont tombés d'accord : merveilleux, drôle, paradoxalement morbide, et surtout époustouflant d'imagination.



J'ai lu les articles, j'ai revu quelques images et j'ai appris des choses, ce faisant, sur l'intimité de ce monsieur plutôt discret en temps normal. Finalement, l'immersion dans cette expo, c'est la pénétration en profondeur de son monde intérieur. Jusqu'au plus intime. Les commissaires de l'expo sont allés jusqu'à récupérer des serviettes en papier de divers restos sur lesquels le maître avait griffonné des splendeurs, pour les exposer à l'instar des toiles et autres sculptures étranges. La plupart de ces travaux n'étaient absolument pas destinés à être exposés. Et pourtant ils sont là. Je ne sais pas comment Tim Burton lui-même a pris les choses, au début, s'il a fallu batailler pour le convaincre.



Toujours est-il que, très égoïstement, j'assure que si on peut craindre pour l'intégrité de Tim Burton, on est en droit d'être totalement satisfait pour le spectateur. Tous les personnages sont là, plus ou moins, parfois on reconnaît des ancêtres avant de découvrir les héros les plus fameux. On tombe alors sur un court métrage, un projet dont on n'avait pas connaissance et qui est là, décortiqué, remis dans le contexte de la vie du maître. La muséographie est simple et complète : des espaces thématiques pour les créatures burtoniennes, composés de dessins évidemment, mais aussi de sculptures, de vidéos et autres trucs rigolos.



Depuis ses premiers travaux proposés - et refusés - aux studios Disney jusqu'à la bande annonce de son prochain film à sortir le 9 mai, en passant par les travaux de conception de ses principaux personnages (Beetlejuice, Edward aux mains d'argent dont le costume - et les mains ! - est exposé, le petit monde d'Alice, de la Corpse Bride, et tous les autres), tout y est. Amené de manière claire et  ludique, en commençant par nous plonger dans le noir, avant de nous mettre devant un manège à monstre et de déployer les pires/meilleurs monstres devant nos yeux mi-terrifiés, mi-accro, 100 % amusés. Les clowns effrayant se font justice, les bébés sont cloutés, les Martiens hydrocéphales veulent prendre le pouvoir, les morts sont les rois. Il joue avec toutes nos peurs d'enfant. Ou, peut-être d'abord, avec les siennes.



Alors à vrai dire, certains hôtes peuvent effrayer : ceux baignant dans leur sang, ceux faits de cuir cousu, ceux avec des clous dans les yeux ou sur tout le corps, surtout. Mais le plus effrayant, ce sont certaines histoires, dont la plupart compilées dans le premier recueil rassemblant textes poétiques et aquarelles. La Triste Fin du petit enfant huître est à pleurer. Elle présente des histoires tellement cruelles d'enfants mal-aimés, incompris, sacrifiés.



Tim Burton est-il un homme heureux ? Maintenant, oui, très probablement, puisqu'il a une femme aimante, Helena Bonham-Carter, très présente, des enfants avec qui il peut mesurer son imagination, et surtout un art reconnu et partout plébiscité. L'assentiment du monde, des producteurs et du public, lui ont donné l'autorisation de vivre dans son monde, de le développer, d'en extirper toute la profusion, toute la noirceur rigolote, toute la morbidité attachante.



Nous, en tous cas, avec le Caouic, la princesse Tilou et Marinette, on a adoré. Plus de liens de parents, d'aînés, de responsable : Burton nous met à égalité au regard de la création, de l'esprit, de la fantaisie. Les enfants sont chez eux, et jouent à se faire peur. Les grands sont invités à se souvenir de leur prime richesse intérieure, celle où on ose associer le monstre et l'amour, la tombe et l'humour.
A noter : il faut prendre ses places au préalable sur le site de la cinémathèque, très bien fait. Des billets coupe-file imprimables à la maison : 1 € de plus pour trois à quatre heures de queue en moins ! Enfin, ne pas hésiter à s'offrir le gros bouquin noir rassemblant la quasi-totalité des dessins avec des textes sensibles, accessibles, éclairants : 49 € et ça les vaut !

vendredi 13 avril 2012

My heart belongs to daddy

Une belle histoire de trois femmes, une pré-ado, une maman, une mamie, aux prises avec un homme respectivement père, mari et fils de ces trois-là : pourquoi est-il absent, inquiétant toutes ces femmes ? On le découvre à mesure que la pièce se déroule, avec une économie de décors intéressante. Une pièce moderne et immédiatement accessible, avec une enfant en rollers, la télé, des jeux vidéo et des craintes adultes. Au milieu, les interprétations enfantines alimentées par l'absence de communication.
Belle performance de l'actrice qui joue à la fois la mère et le copain de la petite fille. Elle jongle entre les rôle, on s'y méprendrait. On n'oublie pas les clins d'oeil aux souffrances immigrées espagnoles...

Cloclo, plus incompris que mal-aimé...

Je n'aime pas Claude François. Pourtant son destin est lié au mien depuis toujours : il est mort quand je suis né. J'ai essayé de chanter en me pinçant le nez, d'engager des claudettes et de faire des pas de danse alambiqués. Et j'ai eu là la preuve que je n'étais assurément pas sa réincarnation. J'ai aimé Le Lundi au soleil grâce à la reprise qu'en ont faite, plutôt récemment, Kerenn Ann et Vincent Delerm. Et j'avoue un faible pour Magnolia forever. Ce côté disco extrêmement prononcé, franchement, c'est presque trop et c'est bon.
Bref.
On a fini par aller voir le film, avec Ck. Le caouic est resté à la maison bouder : Cloclo, alors là non, on lui en demandait trop.



J'avais l'intuition que ça allait être bien. Le battage médiatique là-autour avait bien insisté sur l'absence de concession, sur la présentation du personnage dans l'absolue rigueur de sa tête de con. Et en effet, sa jalousie - mâtinée d'infidélité notoire et continuelle -, ses excès de colère incompréhensibles, ses exigences de diva, ses tocs pesants, tout y est. Et pourtant, au regard de l'histoire qui nous est non pas contée mais expliquée, on comprend. On compatis. On vibre.
Parce que le plus abject dans l'histoire n'est pas Claude mais son père, dictateur obtu et manipulateur, obstiné et humiliant jusqu'à la bêtise crasse. Face à lui, une femme et deux enfants adorateurs, complètement sous le joug de ce gourou qui les maltraite pourtant. Toute la vie de Claude, qui reproduit nombre des travers paternels, s'étire vers le haut pour rendre fier le daron. En vain. Dès lors, tous les excès sont permis, à plus forte raison celui de ne jamais être satisfait, de toujours craindre la chute, la ringardise, l'endormissement sur lauriers.



Pour s'affranchir de cet écueil obligé du show business, Claude invente, inaugure, à coup d'audace et d'inspiration états-unienne. Les claudettes, jamais vu. Des claudettes noires, inédit. Des chorégraphies auxquelles il participe, sans précédent. Absorber les rythmes funk et disco pour développer sa musique, inconnu. Devenir un businessman en achetant un journal, en créant une agence de mode, révolutionnaire. Médiatiser un fils et cacher l'autre à toute la terre, inouï et carrément monstrueux.



Mais avant d'en arriver à cette gloire inquiète, Claude a bouffé son pain noir. A cause de son père, mais aussi de son histoire familiale et de ce retour d'Egypte dans les années 50 après les événements du canal de Suez où travaillait son père. La déchéance, la pauvreté, le déclassement...
Aussi ses comportements excessifs avec les femmes ou les sous-fifres peuvent être sinon justifiés, au moins compris. Il fallait bien un caractère exceptionnel pour tenir tête à un père fasciste domestique, une mère joueuse maladive, des fans omniprésentes (intéressant, son rapport avec elles) et le monde du show business qu'il n'a pas laissé le dévorer. Le tout avec un sens de la mode aigu, mais pas seulement pour suivre la vague : il a été réellement un avant-gardiste. A l'époque des vaches maigres, il harcèle le patron de la maison de disques Philips, convaincu de son talent inconnu. Plus tard, il sait écouter son manager Paul Ledermann qui lui assène de ne pas s'endormir sur son succès confirmé, puis il a la clairvoyance de le virer pour monter sa propre maison de disques. Musicalement, il sait écouter et digérer ce qui vient d'outre-Atlantique, il a d'ailleurs une culture musicale plutôt pointue et assez classique dans la pop. Pas du tout un chanteur à minettes, à l'origine ! Il se défend pendant tout le film de ce sobriquet qui l'agace.



Et - j'adore les anecdotes, dont le film est rempli - pour convaincre Etienne Roda-Gil, estampillé gauche bobo, de lui écrire des paroles de chanson (Magnolia forever), il lui lance : "Continue à écrire des chansons pour les riches, moi je vais continuer à faire rêver les pauvres." Enorme. Il y a aussi l'épisode où il invente au fil de l'eau les paroles de Comme d'habitude, au bord d'une piscine avec deux musiciens près de lui. Comme d'habitude. La chanson qui m'a fait venir les larmes lorsqu'il la chante aux Etats-Unis, devant sa mère et sa soeur. Sa chanson fétiche puisque Sinatra (qui dans le film ressemble beaucoup à  son père) la lui a reprise, ce qui représente pour lui plus que le graal.



Le film ne nous aura pas réconciliés forcément avec la musique de Claude François mais aura eu l'immense mérite, grâce à un scénario béton, des acteurs époustouflants (palme à Jérémie Rénier), une mise en scène soignée et cohérente, de nous faire comprendre le personnage. Un vrai personnage de roman, de cinéma... Avec la bande-son de tout une époque...

Télé-dictature

Normalement on était partis pour aller voir Cloclo. Et puis un texto de PoOn nous en a dissuadés : ça allait être pourri, alors qu'Hunger Games, qu'elle s'apprêtait elle-même à aller voir le soir-même, ce serait beaucoup mieux. Soit.
Je pressentais un teenage movie un peu gore, et finalement je n'étais pas loin du compte. Pas le temps de me rencarder au préalable sur le réalisateur, les acteurs, ni surtout la série de romans qui ont donné naissance à ce film-là. Tant pis.



Une jeune fille sage et responsable (de sa petite soeur Rue qu'elle adore et de sa mère, incapable de quoi que ce soit depuis la disparition du chef de famille) se débrouille pour faire vivre sa famille dans un monde post-apocalyptique où les humains sont répartis en districts, soit autant de castes. Notre Katniss se démène tant pour trouver à manger que pour secouer sa mère ou encore rassurer sa petite soeur effrayée par le prochain tirage au sort qui aura lieu pour trouver, dans les douze districts, un garçon et une fille afin de participer au annuels Hunger Games. Soit un jeu de télé-réalité poussé à son paroxysme où les vingt-quatre participants (dont certains, ceux issus des deux premiers districts, sont entraînés spécialement pour gagner) doivent évoluer dans une jungle reconstituée sous l'oeil de milliers de caméras... et s'entretuer afin qu'il n'en reste plus qu'un. Un seul gagnant couvert de richesses à la fin.



Certaines ficelles sont énormes, évidemment. Mais on se cramponne à son siège et le rythme est vraiment haletant. Katniss est magnifique, pas le genre de poupée qu'on nous sert d'habitude dans les teenage movies. Elle se sert autant de sa tête pour entourlouper les spectateurs et les sponsors de l'émission (les seuls à pouvoir rendre leur "aventure" plus vivable en envoyant des médicaments, des armes, etc.) que de son incroyable dextérité un arc à la main. Une sorte d'amazone du futur, figure sacrificielle et déterminée.
Elle est coachée, de même que son compagnon d'infortune, Peeta, secrètement amoureux d'elle, par une pouffe colorée, un alcoolo finalement attaché à elle...



... et un amour de Lenny Kravitz (!!!) doux et compréhensif.



Les autres candidats du  jeu sont eux aussi des personnages multiples : les gagneurs viandards et assoiffés de sang, les plus jeunes enfants innocents et perdus dans cet environnement plus qu'hostile.



 J'ai pleuré quand la petite compagne de Katniss se fait dessouder par une espèce de sale chipie venimeuse.
Un film à voir avec des tripes d'ado. Donc à voir.

lundi 26 mars 2012

Des Vies sauvées de l'oubli

Ce sont peut-être les montagnes, collines, couleurs des prés, des orages, des fleurs, ciels changeants qui ont formé l'oeil de Raymond Depardon. On ne présente plus ce grand monsieur de la Photo et du Documentaire, fondateur de l'agence Gamma. Lui qui a pris ses premiers clichés dans la ferme familiale. La Vie moderne - troisième opus de la trilogie Profils paysans - était rediffusée dernièrement sur France 2. Merci le service public. Il s'y met un tout petit peu en scène.



No man is an island : évidemment, s'il va et retourne, dix ans plus tard, à la rencontre des derniers vrais paysans parlant encore l'occitan, sortant leurs brebis plusieurs fois par jour, ou trayant leurs deux pauvres vaches restantes à la main, c'est que ces gens-là détiennent une partie de son identité, de son terroir, de lui-même. Pas la peine de chercher vainement à établir une distance, dès lors. Et il l'explique bien : ce n'est souvent qu'à force de patience qu'il est finalement autorisé à entrer dans ces cuisines aux tables recouvertes de toiles cirées, où le café est bu dans un verre ou un bol, où les cuisinières hors d'âge ne connaissent pas les plats préparés.



On  navigue avec lui de la ferme de deux pépés de 83 et 88 ans, aidés par leur neveu quinqua tout juste marié et, donc, sa femme, rencontrée "par petite annonce" et venue du Pas-de-Calais avec ses enfants. Ça coince entre les générations. Le plus vieux pépé est le plus borné de tous, mais à mesure du film, on le voit presque s'éteindre doucement, ses forces le quittant. Et c'est infiniment triste.



Il y a ce couple de paysans : lui est bourru (comme la plupart) et elle scrute la caméra avec un sourire un peu idiot. Elle sert le café, propose des galettes. Ils n'ont plus que deux vaches et autant de chèvres, qu'ils cèderont à la fin du film. C'est trop d'efforts, trop de soucis pour deux natifs des montagnes qui ont travaillé bien au-delà du légal.



Il y a aussi cette jeune femme, mariée et mère de deux enfants, dont l'époux, fils de paysan, travaille dans les travaux publics. C'est elle qui veut élever des brebis. L'espoir allume ses yeux. Mais tout est éteint à la fin du film, là aussi. Trop de charges, trop de travaux à faire, en plus de la maison à rembourser, de la famille à faire vivre et du terrain à acquérir.



Il y a ce couple aux visages burinés si bons, et leur fils Daniel, le dernier-né, seul à être rester les aider sur la ferme, lui qui aurait voulu tout faire sauf cela...



Il y a aussi et surtout, c'est un minuscule plan dans le film, cette visite hors du temps, presque extraterrestre, à Paul, un paysan solitaire. Dire que celui-là est un taiseux est encore bien loin de la vérité. Seules les femmes parlent un peu plus volontiers dans ce film, tandis que les messieurs répondent laconiquement aux questions que Depardon leur pose. Mais ce Paul-là, il est au-delà du mutisme. La caméra est, suppose-t-on, posée sur la télé qui diffuse la messe d'inhumation de l'abbé Pierre. Paul est là devant, immobile, ses cheveux de hippie rider autour de sa tête, ses yeux inexpressifs (quoique), sa toile cirée sous ses mains crevassées. Et tout est là. Une beauté fulgurante, douloureuse, peut-être déjà morte. Paul n'est pas négligé : c'est la société, le progrès, la marche du monde et nous tous qui l'avons négligé. Paul porte sur ses épaules étroite et dans son regard d'une tristesse infinie tout le poids de l'oubli, de l'abandon, de la fin d'une certaine idée de la paysannerie. Une photo de ce Paul-là peut tirer des larmes.



C'est étrange, mais Depardon a aussi un peu parlé de moi. Et sûrement, de nous tous.
Je revois à l'instant la bande annonce et je les trouve tous beaux.

Séries politiques chéries

Mon héroïne de ces dernières semaines ? Birgitte Nyborg. Ne vous y trompez pas. Cette dame, danoise de son état, est sexy, intelligente, humaine, honnête et volontaire. Et, le plus incroyable, c'est qu'elle est Premier ministre ! La série événement diffusée par Arte a fait un tabac, et il y a de quoi. Certes les séries politiques ont le vent en poupe, mais celle-ci est particulière. D'abord parce qu'elle est danoise. Oubliés les coups de théâtre, brushings et incursions de la vie perso à l'américaine, dans l'intrigue.



Birgitte parvient au pouvoir par l'audace dont elle fait preuve en emmenant une coalition gouvernementale derrière elle, en rassemblant divers partis. Négociations, compromis et choix cornéliens seront désormais son quotidien. Jusque dans son quotidien... personnel, justement, lequel est amené sans gros sabot. Au début, elle n'est "que" la chef du parti centriste. Elle prépare le petit déj de son mari et de ses deux enfants avant de partie bosser au "Château", le Parlement, en vélo. Elle repasse en regardant les émissions à la télé, elle s'occupe de ses enfants mais moins que son époux, qui a fait une croix provisoire sur sa brillante carrière pour rester un peu plus à la maison et assurer côté foyer. Oui oui, on croit rêver quand je l'explique comme ça. Mais la série rend tout cela parfaitement limpide, crédible et accessible. En plus de cela Birgitte et son Phillip de mari copulent comme de jeunes amoureux. Un couple très uni, quoi.



Bon évidemment tout ne va pas se jouer jusqu' à la fin au pays des bisounours. Birgitte va être confrontée à des problèmes qui vont émousser ses valeurs : dénoncer ou pas un politique d'un bord opposé, constituer un gouvernement, choisir un spin doctor (un des rôles clés de la série, complètement passionnant), parler à la télé, gérer une affaire d'Etat face à des représentants de pays étrangers, extrader ou pas un pseudo-terroriste avec la pression exercée par le pays qui le réclame, solutionner une affaire d'écoutes illégales dans les locaux d'un parti de gauche, calmer le jeu quand un de ses ministres est en ligne de mire, réagir en cas d'intérêts coïncidant entre le nouveau boulot de son mari et un énorme marché passé par la Défense, cacher ce qui se passe vraiment dans sa vie perso, se préparer à mentir, et puis finalement non... Et tellement d'autres choses encore. Le dernier épisode est une espèce de feu d'artifice d'amertume et de renoncement. Le prix à payer, peut-être ? Terrible, en tout cas. Evidemment, j'ai pleuré.



Parallèlement, on suit les trépidantes aventures de son incontournable spin Doctor Kasper, habile et audacieux, qui sait, après la lecture des journaux du matin, qui doit répondre à quelles questions dans quel organe de presse, pour résoudre les problèmes ou prouver l'unité du gouvernement...



Evidemment, il est très lié à une talentueuse journaliste de la principale chaîne de télé. Ainsi, la caméra nous emmène tour à tour au coeur de négociations secrètes et extrêmement pragmatiques entre élus, au milieu des conférences de rédaction de la chaîne de télé principale, ou encore à l'endroit des tractations et autres filouteries géniales du spin doctor. La politique, le journalisme, la communication.



Pas-sion-nant ! Le tout avec un rythme génial, toujours parfaitement compréhensible même pour les moins aguerris à cet univers, et avec d'excellents acteurs qui changent un peu notre vision du jeu, de la série, etc.
Arte, qui consacre une partie de son site à un véritable sous-site sur la série, promet de diffuser la saison 2 en... janvier prochain ! Que le temps va sembler long... alors que la troisième saison est déjà en train de se tourner !

Dans le même temps, quasiment, que je suivais, haletante, les aventures de Birgitte, ses amis et ses ennemis, une autre mini-série, française celle-ci, m'a occupée trois soirs sur France 2 : Les Hommes de l'ombre, avec Nathalie Baye et Bruno Wolkovitch notamment. Même thème, ou presque : le président de la République française meurt subitement, s'ensuit une campagne expresse pour lui succéder, qui n'élude en rien les secrets, complots, pièges, révélations et guerres de communication obligées. En trois ou quatre épisodes, évidemment, il est moins aisé de poser des personnages, de rendre l'action et les événements crédibles. Mais j'ai également adoré cette série française, avec nos codes, nos mécanismes et nos travers. Incroyablement instructif !



A quelques semaines des échéances présidentielles française et américaine, à l'heure où une femme dirige effectivement le gouvernement danois, la réalité rejoint la fiction. A nous d'être les scénaristes de la prochaine saison... Mais pas sans avoir jeté un petit coup d'oeil par-là !

jeudi 22 mars 2012

Sensoriels Fragments

Du théâtre visuel ? Pourquoi pas. Nous voilà installés dans les fauteuils rouges de la salle de spectacle de notre ville, Monsieur Caouic et moi. Nous avons besoin de nous changer les idées. Va donc pour Fragments du désir, avec la compagnie franco-brésilienne Dos à Deux, création d'Arthuro Ribeiro et André Curti. Il faut quelques minutes, le temps du premier tableau, pour prendre la mesure de ce qui nous est proposé.



Un cercle familial restreint, des tensions, des costumes, des objets, des éléments de décor très importants. Le masque du père, vieillard impotent, les couvre-chefs de la bonne, tantôt jeu d'échecs tantôt luminaire classieux... L'origine du trouble, on le comprend dans le tableau suivant, mis en scène en quelques secondes avec une espèce de changement de plateau spectaculaire et sobre à la fois : l'histoire se jouera autour, dans et avec une structure figurant tour à tour la porte de la maison familiale et une scène de cabaret transformiste.



L'histoire peut paraître un peu simpliste, mais peu importe : l'essentiel ici est de ressentir la manière dont les scénaristes et les acteurs figurent, font passer et transmettent les impressions du personnage principal.



Abusé par son père durant l'enfance (l'horreur de l'inceste est figurée par des marionnettes), il trouve la paix et un certain épanouissement en se muant, le soir venu, en diva sur la scène d'un cabaret flamboyant.



Quand il devient elle et chante, un personnage bouge avec elle et l'entoure de deux rideaux de perles rouges derrière lesquels elle se cache, se dévoile... Le rideau l'entoure et la protège. Tout un symbole.



On est entre Comme ils disent d'Aznavour ("J'habite seul avec Maman, dans un très vieil appartement"...) et un Almodovar de la grande époque... Le jeu des vêtements, costumes, et celui de la porte et de la scène (dans la scène, mise en abyme réussie), ne servent plus vraiment le sens de l'histoire, l'intrigue, mais sont autant de touches impressionnistes qui suscitent frisson, sourire, coeur qui se serre, espoir aussi lorsqu'un spectateur aveugle du cabaret tombe sous le charme de la diva, sans connaître sa véritable identité.



Il choisit d'abord une fleur rouge parmi plusieurs, dans une scène où la poursuite se pose sur ce que touche le personnage non-voyant... Vraiment touchant. Et puis ce tableau où les deux amoureux se trouvent au cinéma, face au public, avec entre eux et nous un écran blanc déroulé qui finit par projeter leur propre image. Onirique, magnifique !
Les trouvailles visuelles poétiques, sensitives et originales ne manquent pas dans cette belle pièce.
On confine à la danse contemporaine, plutôt en début de spectacle, lorsque la gouvernante fait faire à son patron en fauteuil roulant une gymnastique dont on suppose qu'elle est prescrite pour conserver au vieillard un minimum de tonus musculaire.



Les corps des deux acteurs se mêlent dans une chorégraphie millimétrée, époustouflante, apparemment douce comme si les corps glissaient l'un sur l'autre.



Une belle soirée, pleine de rêve et d'émotion, et une petite larme à la fin bien entendu. J'ai beaucoup pensé à NBY, qui aurait été charmé et captivé par le propos de cette pièce, par les trouvailles imaginées pour raconter ce conte moderne pour adultes.


jeudi 8 mars 2012

Splendeur et misère de l'adultère

Petite polémique à la veille des césars et surtout des oscars, au cours desquels Jean Dujardin a triomphé. Surtout à Hollywood d'ailleurs. Les teasers pour Les Infidèles, nouveau film de copains, ont choqué ici et là. Et m'ont donné, il faut bien le dire, un mauvais pressentiment du film.



Finalement, il s'agit là d'un film à sketches, un peu dans la veine des films italiens d'il y a quelques dizaines d'années. Mais à la sauce française. Dujardin et Lellouche se donnent parfaitement la réplique, tout complices et compères qu'ils sont dans la vraie vie. Ils jouent bien, Dujardin lâche son côté beau gosse débile guignol sans le vouloir. On rit, forcément. Le comique de situation alterne avec des dialogues ébouriffants, tout ça. Alors quand dans un des sketches, celui où Dujardin joue un huis-clos avec sa femme dans la vraie vie (encore elle, la vraie vie) autour de la révélation d'un adultère, on tend vers l'émotion, ça fait bizarre. Ça ne fonctionne pas.
Cela dit, je pensais vraiment voir un film de mecs, lourd, gras, macho. Et puis non. Les mecs ou plus précisément ces mecs, en prennent pour leur grade et déballent là toutes leurs contradictions, leur bêtise, leurs petites ignominies quotidiennes, leurs mensonges.
Ah oui ! Guillaume Canet dans un splendide contre-emploi d'érotomane coincé (!) catho et fayot avec la raie sur le côté, ça c'est jouissif !



Pas le film du siècle, hein, mais mieux que je ne le pensais...
Allez, bande de curieux... Les voici les teasers diaboliques...



Jedis dans la troisième dimension

A quoi ça sert ? On l'a vu mille fois ! Tout le monde connaît toute l'histoire par coeur ! C'est juste pour se faire encore un  peu plus de fric ! Ça n'apporte rien à l'histoire...
Bah pourtant, avec Monsieur Caouic, on s'est réservé quelques heures pour aller voir... Star Wars en 3D ! Et ça valait largement le coup de faire de la route - dans l'espoir vain de profiter d'un écran iMax, du coup Monsieur Caouic a pris un gros pot de pop-corn salé pour se consoler - et de revoir l'épisode 1.



Alors c'est sûr, la 3D ne fait pas de cette ouverture de la saga un chef-d'oeuvre, le meilleur des six. Mais outre le fait que l'on se replonge avec délices dans les prémices de ce grand conte pour grands, franchement, la 3D fait vibrer à fond. J'avais déjà eu les tripes retournées la première fois lors de la course de modules, remportée brillamment malgré l'adversité par Anakin. En 3D, imaginez... J'ai fait les quatre coins de la salle, ou au moins j'ai eu l'impression. Vivement le prochain opus !

Poison et dentelles finnoises

Arto Paasilinna, par cette espèce de coïncidence étrange, m'a été soumis et conseillé par trois personnes différentes en l'espace de deux jours. Pourtant il écrit depuis longtemps et n'avait pas d'actualité particulière ces derniers temps... Me voilà avec La Douce Empoisonneuse entre les mains. Une pauvre mamie gravement persécutée par une bande de trois jeunes débiles, déchets de la société. La vengeance apparemment fortuite de Mamie. Savoureuse. Comme la bouille de l'auteur, d'ailleurs :



Voilà qui est bien rigolo, chez Paasilinna : il écrit avec une candeur qui exacerbe son propos et notre manière de l'accueillir. A l'image de son style, ses personnages sont comme en léger décalé avec la réalité. Ainsi Mamie qui se morfond de l'attitude de son ignoble neveu sans pourtant y voir ce qu'il faudrait : de la délinquance, des agressions, etc. Elle, elle le trouve simplement mal élevé, trouve qu'il a mal tourné et soupire qu'il lui subtilise systématiquement toute sa pension de veuve d'officier militaire... pour la boire. Une tatie Danielle à l'envers, en quelque sorte... Rafraîchissante lecture ! Vive la Finlande, et les pays nordiques en général !

Folie et brouillard

Second choix de ma Grande Amie pour Noël : L'Année brouillard. Pas de sang ni de viol entre ces pages, mais une tout autre sorte d'horreur. Une horreur qui répond à une espèce de phobie à laquelle je pense parfois, au hasard des faits divers développés à longueur de JT. Imaginez : vous vous baladez sur une plage avec un enfant, votre enfant - ou presque, dans le cas du livre de Michelle Richmond, puisqu'il s'agit de la petite fille de l'homme qu'elle s'apprête à épouser -, un appareil photo autour du cou. Pendant quelques secondes, vous détournez les yeux parce que quelque chose a attiré votre attention. La seconde d'après, l'enfant n'est plus là.
C'est aussi simple, aussi ignoble que cela.
Et le livre, c'est l'année qui suit cet instant là.
Lutter contre la folie, orienter tous ses gestes, sa moindre respiration vers la recherche, combattre la culpabilité écrasante, paralysante, innommable. Continuer à vivre, à se présenter devant l'homme qu'on aime et dont on a... perdu... la petite fille.



L'héroïne raconte tout cela, mais aussi ses démarches infatigables, redondantes, jusqu'à l'obsession, ces quelques minutes avant et après qu'elle se répète inlassablement pendant des jours, et des jours, et des jours... Les moments d'introspection alternent avec ceux de l'action. Jusqu'à ce que l'action devienne totalement absurde, kafkaïenne, jusqu'à ce que le père de l'enfant lui-même abandonne. Et elle ? Défaite, harassée, exsangue, de culpabilité, d'épuisement, d'obsession... elle refuse d'abandonner.
Peu importe la fin, finalement ; avec le recul - j'ai lu ce livre il y a déjà plusieurs semaines - je trouve que le dénouement n'est pas si décisif. Ce qu'il reste de cette lecture, c'est la capacité étonnante de l'auteure à écrire des centaines de pages sur l'absence, la gorge serrée, le coeur emprisonné, l'esprit affolé. Une espèce de cauchemar dont l'héroïne sait qu'elle est à l'origine... et emploie absolument toutes ses forces à faire en sorte de se réveiller.
Encore une lecture à faire le coeur battant, l'esprit squatté par les images mentales... C'était une année d'angoisse pour les choix de fin d'année de la Grande Amie !

Le cauchemar éternel des Enfants perdus

Trash ? Choquant ? Peu importe. Le livre nous tient, il nous retourne les tripes et pourtant on reste là, à la lueur de la chandelle ;) à tourner encore quelques pages avant de souffler la flamme. Retour à Rédemption commence par un crime atroce. Et la suite est pire encore. Peter Shepard a tout pour lui : une situation plus que florissante, une femme aimante, deux petites filles adorables. Et puis un jour, elles meurent sous le cagnard impensable du désert non loin de Las Vegas, sous l'emprise d'un étrange personnage. Peter, impuissant, entend la mort de ses proches au bout du fil. Le drame l'amène à revenir sur une période de sa jeunesse, alors qu'il a été interné dans un camp de redressement tenu par un gourou illuminé, pédophile et violent... Les brimades, les coups, les agressions physiques et mentales sont le lot quotidien pour lui, pour eux, puisqu'il s'est trouvé une petite famille de substitution, avec quelques compagnons d'infortune. Ils se baptisent les Enfants perdus. Dans mon esprit, bien sûr, la Cité de Jeunet... L'univers est bien différent pourtant. Les flash-back alternent avec les épisodes de la vie actuelle de Peter qui part sur la trace de ses compagnons d'alors. On comprend les choses petit à petit.



Sanglant, violent, le Graham. Et pourtant on en redemande. Ça m'a un peu rappelé le film Sleepers, qui me hante toujours, et qui nourrit depuis que je l'ai vu mon espèce de dégoût de Kevin Bacon...
Un bon choix de ma Grande Amie pour Noël ! Et ce n'est pas le seul... A suivre.

dimanche 4 mars 2012

Fou furieux


Il a tellement incarné le Professeur Rollin qu'on en oublierait presque qu'il a incarné d'autres personnages ! François Rollin était chez nous, sous les projecteurs de notre scène nationale dernièrement pour partager ses Colères. Rien ne lui sied, tout est prétexte pour lui à râleries, opposition, ton qui monte, voire gros mots et explications via des panneaux explicatifs. Il ne dit rien de drôle au premier degré mais il est hilarant. Il va loin, bien plus loin que j'aurais cru, il ose beaucoup. Et ce n'est jamais obscène, mais toujours audacieux, intelligent.



Depuis une quinzaine, une nouvelle émission déchaîne les passions sur France Inter : A votre écoute coûte que coûte, où deux supposés médecin et psychothérapeute répondent au problème d'un supposé auditeur. Racisme, clichés, humiliation et mauvais goût de rigueur, tous les jours à 12 h 20. La plupart des auditeurs réagissent très vivement et crachent sur le programme. France Inter ne pipe mot. Quelques-uns, confortés par des papiers parus ici et là sur Internet, crient au génie. Le gigantesque canular récurrent pose avec de gros sabots... subtils la douloureuse question oubliée de l'humour, du second voire du troisième degré. Salvateur.
François Rollin n'a jamais perdu de vue, depuis ses débuts à l'écriture de la série culte Palace, ce type d'humour, contre-pouvoir réel. Avec une rhétorique et un flow époustouflant, il déverse sa bile pendant une heure et demie sans bafouiller. Un grand moment de théâtre, d'humour un peu noir, dont on a tellement besoin... Et ça, c'est cadeau !


Le thriller du millénium


J'étais persuadée d'être déçue. Pensez donc : une trilogie époustouflante, haletante, pleine d'hémoglobine, de tortures, de vengeance et de journalistes justiciers, servie par une série de trois épisodes pour une série anti-Hollywood au possible. Avec des gueules pas over maquillées, un rythme original, une unité épatante. Fallait-il en rajouter ? David Fincher (ô maître es horreurs et clairvoyance brutale) a eu envie. Alors puisque c'est lui, je suis allée au cinéma, pleine d'espoirs. 
Et j'ai été encore une fois ébouriffée.



D'abord, il y eut le générique. Une espèce de cauchemar sur grand écran, couleur corbeau, figurant un fluide s'immiscant partout, dans des outils informatiques jusqu'entre deux personnages aimantés... Hypnotisant, déjà bouleversant. La chair de poule !
Puis il y eut Daniel Craig. Qui me laissait jusqu'alors d'une neutralité parfaite. Je n'ai même pas encore vu une seule de ses performances comme James Bond. Mais il est là, très vite, dans la peau de Mikael Blomkvist défait, humilié. Plutôt un taiseux, mais pas un timide. Et un déterminé. Il dégage un charme fou sans jouer les beaux gosses, sans arborer de muscle, tout concentré qu'il est sur la nouvelle enquête, totalement inédite, que lui propose le vieux PDG d'une entreprise phare du pays. Il jauge, il capte vite, il sympathise en laissant une distance polie et ferme. La scène où il s'installe dans la petite maison d'appoint sur l'île est exactement conforme au film personnel que je m'en était fait à la lecture du bouquin. Quand il travaille et réfléchit, il y est vraiment, il a de ce fait la vraisemblance qui faisait la force de la version suédoise. Et puis cette manie qu'il a de laisser une branche de lunette coincée derrière son oreille droite... Catchy !
Et puis il y eut Lisbeth Salander. La clé de voûte. Le cinquième élément. Le supplément d'âme. L'héroïne. Comment parvenir à mettre en scène une génie de l'informatique, hackeuse rebelle au parcours effarant, toujours sur le fil entre le statut de victime et celui de vengeresse, froide, très distante, asociale, gothique, bisexuelle, PASSIONNANTE. Comment trouver mieux que dans la version suédoise ? Bah en posant devant la caméra une Rooney Mara qui fait quasiment oublier Noomi Rapace. Elle est aussi diaphane que ses tatouages, piercings et fringues sont noires ; elle est aussi socialement inadaptée que son cerveau est puissant ; elle est aussi violente que les agressions dont elle a été victime sont ignobles ; elle est invisible mais elle sera bientôt partout...



Ces deux bombes se rencontrent et... ça marche. On y croit, l'histoire de non-amour est à peine esquissée, intelligemment présentée comme ne relevant absolument pas d'un fil conducteur essentiel. L'attachement n'est pas là. Et puis patience, on n'en est encore qu'au premier épisode, Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes... bêtement traduit par la Fille au tatouage de dragon, ce qui déplace l'intrigue essentielle, je trouve.
L'histoire est déjà gore par endroit, mais Fincher parvient à nous mettre une chair de poule tenace, à nous garder dans l'état juste avant de sursauter, et il le fait bien. Je n'ai pas retrouvé de patte commune à Millenium et à Seven ou Fight club. La scène partagée où Lisbeth consulte des archives dans un sous-sol éclairé par des néons pendant que Mickael parcourt à pas de velours les pièces de la maison du tueur... Par où arrivera l'horreur ? C'est intenable et délicieux...
Evidemment les ellipses sont nombreuses, comment montrer cinq cents pages en deux heures et demie ? Mais ça coule, rien ne choque et tout tient bien debout. Un truc qui m'a semblé pompier cependant : avoir flanqué une fille ado à Blomkvist. Juste pour lui permettre de percer le mystère des annotations religieuses de la victime recherchée ?
J'ai hâte de voir les suivants. Paraît que Fincher serait déjà attelé à la tâche...