Second choix de ma Grande Amie pour Noël : L'Année brouillard. Pas de sang ni de viol entre ces pages, mais une tout autre sorte d'horreur. Une horreur qui répond à une espèce de phobie à laquelle je pense parfois, au hasard des faits divers développés à longueur de JT. Imaginez : vous vous baladez sur une plage avec un enfant, votre enfant - ou presque, dans le cas du livre de Michelle Richmond, puisqu'il s'agit de la petite fille de l'homme qu'elle s'apprête à épouser -, un appareil photo autour du cou. Pendant quelques secondes, vous détournez les yeux parce que quelque chose a attiré votre attention. La seconde d'après, l'enfant n'est plus là.
C'est aussi simple, aussi ignoble que cela.
Et le livre, c'est l'année qui suit cet instant là.
Lutter contre la folie, orienter tous ses gestes, sa moindre respiration vers la recherche, combattre la culpabilité écrasante, paralysante, innommable. Continuer à vivre, à se présenter devant l'homme qu'on aime et dont on a... perdu... la petite fille.
L'héroïne raconte tout cela, mais aussi ses démarches infatigables, redondantes, jusqu'à l'obsession, ces quelques minutes avant et après qu'elle se répète inlassablement pendant des jours, et des jours, et des jours... Les moments d'introspection alternent avec ceux de l'action. Jusqu'à ce que l'action devienne totalement absurde, kafkaïenne, jusqu'à ce que le père de l'enfant lui-même abandonne. Et elle ? Défaite, harassée, exsangue, de culpabilité, d'épuisement, d'obsession... elle refuse d'abandonner.
Peu importe la fin, finalement ; avec le recul - j'ai lu ce livre il y a déjà plusieurs semaines - je trouve que le dénouement n'est pas si décisif. Ce qu'il reste de cette lecture, c'est la capacité étonnante de l'auteure à écrire des centaines de pages sur l'absence, la gorge serrée, le coeur emprisonné, l'esprit affolé. Une espèce de cauchemar dont l'héroïne sait qu'elle est à l'origine... et emploie absolument toutes ses forces à faire en sorte de se réveiller.
Encore une lecture à faire le coeur battant, l'esprit squatté par les images mentales... C'était une année d'angoisse pour les choix de fin d'année de la Grande Amie !
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