Bon, j'avoue, ce n'était pas gagné d'avance. Mon collègue DD, apprécié et porté en haute estime, m'a glissé le DVD sur mon bureau, au lendemain d'une conversation que j'ai oubliée. Sur la jaquette : un type échevelé sur une bicyclette qui lève les bras au ciel, nu comme un ver avec un képi de facteur sur la tête. Le titre : La Merditude des choses.
Ledit DVD est resté de nombreuses semaines à faire l'aller-retour entre la table du salon et la bibliothèque Ikéa, rayon "Trucs prêtés à rendre au plus vite". Et puis finalement, dimanche soir, on s'est installés et on a mis le DVD. "Si ça ne nous plaît pas, on arrête, hein ?", s'est inquiété M. Caouic.
On a même visionné les bonus.
C'est crade, c'est trash, c'est au ras des pâquerettes de prime abord. Mais c'est tellement drôle. Et puis, au moment où l'on s'y attend le moins, c'est émouvant. De cette émotion surprenante qui saisit au milieu de sentiments tout à fait étrangers aux élans du coeur.
En l'occurrence, là, il s'agit du parcours, à deux époques différentes et savamment entremêlées, d'un garçon né dans une famille peu fréquentable - ceci étant un doux euphémisme - avec son père, facteur borderline, ses trois oncles tous oisifs et alcooliques, et sa pauvre grand-mère, qui travaille, frotte, cuisine pour toute cette bande où aucun ne vient rattraper l'autre. Le motif, c'est la façon dont le jeune garçon se dé"merde" de cet abyme, les événements qui se succèdent et l'amènent à faire en sorte de s'échapper de son étrange foyer drôle mais glauque. Il devient écrivain.
Le motif, aussi, c'est la paternité. Le rapport du jeune narrateur avec son père, alcoolo et très violent parfois ; celui du narrateur avec son propre enfant, qui naît alors qu'il n'en voulait pas ; celui du narrateur, enfin avec une autre forme de paternité, choisie, qui sublime les autres et les permet, enfin.
Comment on devient, comment on est père ? Dans ce bijou politiquement très incorrect et choquant, à en lire des avis de spectateurs sur des forums (hilarant !), c'est amené... finement. Pudiquement, presque. Sensiblement. Ceux qui aiment l'émission Strip-Tease en auront pour leurs frais, ce programme a tellement inspiré le film - et le livre éponyme qui l'a précédé - qu'un épisode a été ajouté aux bonus ! Etrange : cet épisode en particulier, qui se passe dans la famille De Becker, m'avait marquée. Je me rappelais précisément des scènes et des détails.
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