Impossible à raconter, à décrire même. Les cinq Moriarty, du nom du héros de Kerouac qui est devenu leur nom de famile d'artistes fantasques, m'ont entraînée dans leur transe vendredi soir. Transe ? C'est encore le mot qui se rapproche le plus de leur univers.
D'abord ils tournent avant de sortir leur album. Pour que ce dernier soit réalisé à l'épreuve de la scène, tous les soirs.
Ensuite, ils ne répondent pas aux questions, enfin pas vraiment. Ils posent des questions davantage qu'ils ne répondent, en fait.
Et puis ils se souviennent de moi, de notre séance interview étrange sur la plage, il y a plusieurs mois pourtant. Rosemary flashe sur mes boucles d'oreille, Charles évoque sur ma demande ses mots préférés avec brio ("fenouil" arrive en tête), Stéphane raconte qu'il a - mal -dormi dans l'étagère à bagages d'un train, Thomas cause cuisine et Arthur est égal à lui-même, c'est-à-dire qu'il tient haut sa place de chouchou de la bande à mes yeux - et dans mon coeur - en dédicaçant, sur l'affiche que lui présente timidement la petite Félicie : "Félicie, n'oublie pas d'écrire tes rêves dans un carnet..."
Sur scène, donc. Heureux et un peu émus de revenir là où ces chansons sont nées, à la faveur d'une résidence dans Caouic-city, ils se sont d'abord amusés, eux. C'est un peu leur marque de fabrique. Ils sont là et ils jouent dans tous les sens du terme. Nous sommes des spectateurs témoins et terriblement vernis d'être là devant ce spectacle.
Ils ont convoqué sur scène du blues, des mélodies que je qualifierais d'anciennes sans trop savoir pourquoi, des instruments inconnus, des moments de grâce inoubliables, où l'on sent que tout s'arrête, que rien n'existe sinon la voix pure de Rosemary et le visage tordu par la concentration et l'effort d'Arthur. Ils m'ont fait ressentir la peine, la joie, l'émotion toute nue. C'était beau. C'était grand.
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