Elle paraît sobre, sèche même, cette affiche du dernier film de Nanni Moretti. Un réalisateur que je connais bien, que je suis en quelque sorte... sans jamais avoir vu aucun de ses films ! Allons donc voir Habemus papam à la faveur des excellentes critiques depuis Cannes.
Captivant, drôle, intelligent, pertinent, audacieux, un peu fou, grave... en fait il y a là tout ce qu'on aime au cinéma ! Avec en prime un rôle de psychanalyste mégalo pour Nanni Moretti himself, ce qui n'est pas le ressort le plus original du film, en fait. L'élu du conclave pour devenir pape craque au moment ultime de se présenter à la foule des croyants. Dès lors, tout craque et explose d'une vie passée à servir Dieu et les hommes qui parlent pour lui. A l'instant d'être projeté en pleine lumière, au-dessus de tous les chrétiens, il doute, il a peur, il renonce. Il redevient humain, serait-on tenté de penser, ou en tous les cas il se réapproprie son individualité. La porte ouverte aux plus grandes angoisses comme aux meilleures rigolades. Moretti use des unes comme des autres, juste comme il faut. Et c'est vraiment délectable.
Par exemple, pendant que le pape - qui ne sera jamais nommé, comme si en l'absence de parution devant les fidèles, il n'existait pas encore - tourne dans les rues de Rome et se tourmente, le psychanalyste organise au Vatican, avec tous les cardinaux priés de rester cloîtrés tant que le souverain pontife n'est pas sorti de sa torpeur, un tournoi de volley. Bah oui pourquoi pas ? Il y a là une espèce de couronnement de l'absurde, du burlesque, que j'adore. Et puis au fur et à mesure que le tournoi avance, certains ressorts deviennent évident et cela prend sens. L'esprit de corps, d'équipe, les affrontements entre parties du monde et Moretti qui supplie les représentants des états d'Amérique du sud de finir la compétition qu'ils sont sur le point de remporter... Beaucoup de symboles là-dedans... Et moi j'aime rire et réfléchir dans un même film... Je verrai les autres films de Moretti, avec avidité !
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