dimanche 4 mars 2012

Kids... forever


Je suis très en retard. Je dois évoquer ici-même La Vénus noire, Into the wild, Les Piliers de la terre et Un Monde sans fin. Pourtant, ce que je vais rapporter ici et maintenant grille la priorité à tous les autres. Pas seulement parce que le livre que j'ai encore devant moi, sur le bureau à l'agence, doit retrouver son propriétaire dans les minutes qui viennent...
Dans son très beau, très sensible, très rock n'roll ouvrage récemment sorti - pour une fois que je lis une nouveauté ! - Patti Smith parle en incipit de son premier sentiment devant la beauté.
"Quand j'étais toute petite, ma mère m'emmenait en promenade à Humbold Park, le long des berges de la rivière Prairie. Je garde le souvenir vague, comme des impressions sur des plaques de verre, d'un grand hangar à bateaux, d'un kiosque à musique, d'un pont à arches en pierre. Le goulet de la rivière se vidait dans une baste lagune : j'ai vu à sa surface un curieux miracle. Un long cou incurvé jaillissait d'une robe de plumes blanches. L'animal fit clapoter l'eau claire, battre ses ailes gigantesques, et s'éleva dans le ciel. Cygne, dit ma mère qui sentait mon excitation. Mais le mot était loin de suffire à rendre compte de sa magnificence ou à transmettre l'émotion qu'il produisait en moi. La vision de l'oiseau créait un besoin pressant pour lequel je n'avais pas de mots, un désir de parler du cygne, de dire quelque chose de sa blancheur, de la nature explosive de son mouvement, et du lent battement de ses ailes. Le cygne ne fit plus qu'un avec le ciel. Je peinai à trouver les mots pour décrire la perception que j'en avais. Cygne, répétai-je, pas pleinement satisfaite, et je ressentis un tiraillement, une étrange nostalgie, imperceptible aux passants, à ma mère, aux arbres ou aux nuages."
Il y a dans ce texte des sentiments diffus mais précis, dans le même temps, de l'impression que laisse l'épiphanie de la beauté, ou de ce que l'on croit dévisager comme tel. J'ai précisément ressenti cela enfant, très petite à l'instar de Patti Smith. Mais je crois que c'est uen situation que nous avons en partage avec beaucoup de frères humains...

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